Quand les émigrés finançaient l’instruction au pays: La Pro Schola
Vendredi 8 juillet, la salle Maria-Ida Viglino du palais de la Région a accueilli une rencontre dédiée à l’histoire des associations «Pro Schola» de Challand- Saint-Victor et de Champdepraz, organisée par le Secrétariat général de la Région dans le cadre des initiatives du programme «Autour de la Rencontre».
En présence du syndic de Challand-Saint- Victor Michel Savin, ainsi que des conseillers régionaux Dennis Brunod et Paolo Crétier, cinq orateurs ont pris la parole pour présenter les résultats de leurs recherches et le contenu des archives familiales concernant ces deux associations, qui occupent une place tout à fait particulière dans l’histoire de l’émigration en général et de celle de la Vallée d’Aoste en particulier.
Nombreux sont ceux qui savent que, par le passé, les émigrés des diverses régions d’Italie se cotisaient pour financer des cours de langue italienne, voire des écoles italiennes, dans leur pays d’émigration. C’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui. Leur but est de permettre à leurs enfants d’apprendre la langue du pays natal et de maintenir ainsi les liens avec l’Italie.
En revanche, bien des Valdôtains ignorent que les émigrés membres des «Pro Schola» de Challand et Champdepraz visaient, au contraire, à donner une instruction aux petits écoliers de leur commune d’origine: ils étaient en effet particulièrement conscients de la valeur de l’éducation scolaire et des avantages qu’elle apporte aux jeunes générations.
Pour illustrer cet aspect remarquable du passé valdôtaine, Alessandro Celi, coordinateur du projet «La Mémoire de l’émigration», a ouvert la réunion en présentant les contenus du fonds «Pro Schola» conservé aux archives communales de Challand et en rappelant que l’association, aujourd’hui disparue, fut fondée à Paris en 1900, par les émigrés challandins.
Pour sa part, Lara Ciardullo est intervenue en lieu et place de son père Giuseppe, auteur d’un livre dédié à l’histoire de la Pro Schola de Champdepraz. Elle a brossé un tableau magistral de l’histoire de cette deuxième association, fondée à elle aussi Paris, mais en 1919, et qui est toujours active aujourd’hui dans la commune.
Cette première partie, plus scientifique, a été suivie des interventions de deux témoins : Isabella Petroz, originaire de Challand, a illustré par plusieurs photos, tirées de ses archives personnelles, l’histoire de sa famille: son arrière-grand-père, qui avait émigré à Paris pour y exercer la profession de chauffeur de taxi, était l’un des adhérents de la Pro Schola.
Le sénateur Albert Lanièce, originaire de Champdepraz, a quant à lui proposé une réflexion sur les motivations qui poussèrent les émigrés issus de la commune - la plus pauvre de la Vallée, à l’époque - à constituer leur Pro Schola et, surtout, à la reconstituer après la parenthèse de la Deuxième Guerre mondiale.
Enfin, l’actuelle présidente de la Pro Schola de Champdepraz, Rosella Rosenzi, a pris la parole pour présenter les activités de l’association. Elle a également rappelé l’importance de celle-ci pour toute la communauté, qui participe volontiers aux initiatives organisées, ce qui permet à la Pro Schola de s’autofinancer et d’être complètement indépendante du soutien public.
L’initiative a suscité le vif intérêt du public et la secrétaire générale de la Région, Stefania Fanizzi, a proposé de la proposer à nouveau, en d’autres points du territoire, afin de mettre en lumière cet aspect méconnu de l’histoire de l’émigration valdôtaine.