«Adieu Jean-Marc Jacquier, ami de notre Vallée et âme libre»
Jean-Marc Jacquier est mort chez lui, à Ville-la-Grand en Haute-Savoie, dans sa 72ème année jeudi 25 mars, au matin. La nouvelle de la disparition du fondateur en 1974 du groupe La Kinkerne s’est répandue comme une traînée de poudre dans tout l’arc alpin, où il ne comptait que des amis, parmi les quels un bon nombre de valdôtains dont la famille Boniface d’Aymavilles, Les Trouveur Valdoten Sandro, Liliana, Rémy et Vincent Boniface: «Impossible d’oublier Jean-Marc quand on l’avait croisé ne serait-ce qu’une fois, tellement le personnage était charismatique. Il faut dire qu’on ne pouvait pas passer à côté de ce grand barbu portant l’accordéon en bandoulière avec son éternel béret - parfois remplacé ces dernières années par un chapeau - et ses bretelles décorées d’edelweiss, sans le remarquer. Et, sous un premier abord parfois bourru, transparaissaient une sacrée bonhomie dès qu’on apprenait à le connaître - un "dur au cœur d’or", comme on dit - et une volonté de transmettre son savoir.»
«Plus qu'un ami. Un frère pour nous. Une âme libre. Une âme riche, aimant le partage. La vie vécue au maximum. Les relations humaines cultivées généreusement. L'amour pour ta Savoie. L'amour pour notre Vallée d’Aoste. La musique. Le chant. Tes collectages. Ton accordéon. Les bringues et… les cuites aussi. Les blagues. Ton calepin. Tes chemises. Nos voyages ensemble et ta curiosité. Ta joie de vivre. Tu nous manqueras. Tu nous manques déjà.»
«Adieu Jean-Marc. Merci pour ton immense apport dans la grande histoire que nous vivons. Tu as été et tu resteras à jamais un grand ami. Il nous semble pouvoir encore sentir l’odeur des prés fauchés que tu diffusais à l’aide d’un pulvérisateur, l’après- midi entre les rangs des fauteuils des théâtres, avant les spectacles de Musikalpina; où plus tard les spectateurs auraient pris place pour savourer la mise en scène de la vie montagnarde, charmés par les notes et les fragrances que tu avais pris la peine de disperser. Tu avais vraiment soin des choses. Tu savais faire sonner les mélodies avec un sens du rythme que personne ne saurait reproduire avec la même tournure et ta voix savait ressortir par sa couleur particulière, sûrement marquée par tes souvenirs de Doxie, un important témoin de tes collectages.»
«Un jour - disent Sandro et Liliana Boniface - on avait rendez-vous à Turin sur la place Vittorio Veneto, très tôt le matin, pour entreprendre va savoir quelle aventure, en musique bien sûr, quelque part... On sortait d’une soirée très délirante avec des amis, passée dans une boîte juste en dessous de la place et tu avais sorti le Cor des Alpes pour nous rassembler comme des veaux maladroits. Tout comme les légendes de tes rendez-vous sur les quais des gares où tu attendais les femmes avec le cor et le verre de Chignin ou d’Ayse.»
«Les histoires de l’époque hippie, la création de Musik Alpes, avec le mémorable spectacle au Giacosa d’Aoste pour la clôture de la Foire de Saint Ours du millénaire en 2000, se mêle dans les souvenirs; on a toujours été à l’aise ensemble, sans prétention, juste en vivant pour le plaisir de vivre bien, en harmonie. Va où ta destinée t’a appelé et laisse que la roue de la vie comme celle de la Kinkerne, s’il est vrai que ce mot signifie Vielle à roue en savoyard, continue à tourner pour nous et, qui sait, on se retrouvera à Lucinges pour trinquer en chantant sous le soleil. Ami de notre Vallée d’Aoste, de nos langues et de notre histoire commune… dans nos cœurs pour toujours.»
Les obsèques de Jean-Marc Jacquier, qui depuis une trentaine d’années était un des personnages marquants de la Foire de Saint Ours d’Aoste, ont été célébrées mercredi dernier, 31 mars, à Bonneville.