L’Association française de promotion du patois valdôtain est née

L’Association française de promotion du patois valdôtain est née
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A l’initiative de l’Union Valdôtaine de Paris, décision a été prise, mi-décembre 2021, d’encourager la création d’une association autonome, dans le but de soutenir tous les acteurs œuvrant au profit du francoprovençal en Vallée d’Aoste. Une organisation a? vocation nationale afin que toutes celles et tous ceux qui sont attachés au patois, qu’ils le parlent très bien, un peu ou pas du tout, puissent s’y associer.

La structure a pris pour nom Association française de promotion du patois valdôtain. «Sans doute, aux yeux de certains, le mot “patois” présente un sens péjoratif. Utiliser le terme “francoprovenc?al” dans notre dénomination lui aurait sans doute conféré une dimension plus érudite. Mais c’est bien “lo patoue?” que nous portons en nous. C’est bien notre langue de cœur, celle de nos aînés, celle de notre territoire intérieur et celle qui est encore bien vivante même si nous sommes conscients que les générations d’aujourd’hui sont probablement les dernières a? pouvoir encore assurer sa survie dans un monde ou? l’uniformisation culturelle nous guette en permanence» souligne le premier président de cette association, Didier Bourg. «Pour autant, il ne s’agit pas d’exalter un passe? fantasme? mais bien d’inscrire le patois dans la re?alite?» ajoute-t-il.

La présentation de l’association dans le numéro à paraître courant janvier du Bulletin de l’Union Valdôtaine de Paris explique que le groupe marseillais Massilia Sound System, qui a donne? un concert a? Aoste durant le Festival des peuples minoritaires en 2009, est a? l’image de ce que peut e?tre un dialecte plein de vie. Les membres du groupe chantent aussi bien en marseillais, en provenc?al, en franc?ais et me?me dans des langues africaines ou en arabe. Leur forme musicale de pre?dilection est le raggamuffin, une musique qui a pris son essor en jamai?que au de?but des anne?es 1980. «Ils sont pourtant de formidables ambassadeurs de leur patois. Il existe de nombreuses fac?ons de faire vivre notre francoprovenc?al aujourd’hui», poursuit le Bulletin: «Le chanteur d’Ayas, Luis de Jyaryot ou la famille Boniface des Trouveur Valdote?n d’Aymavilles, pour ne citer qu’eux, en te?moignent admirablement.»

Lo Gnale?i, le guichet linguistique re?gional de?die? au francoprovenc?al - dont le Bulletin précise qu’il est pour lui un partenaire de premier ordre depuis des anne?es -, l’Association Valdo?taine Archives Sonores, l’assessorat a? l’Education, la Rai re?gionale et les acteurs individuels ou collectifs valdo?tains contribuent tre?s significativement a? la valorisation du patois, affirme le Bulletin. «Mais ils sont contraints par un certain nombre d’impe?ratifs. Notre soutien pourrait les aider a? faire davantage encore. Sans chercher, jamais, a? faire de cet appui un combat contre d’autres langues» affirme Didier Bourg.

Il précise encore: «Comme l’explique Rennie Yotova, De?le?gue?e de l’Organisation Internationale de la Francophonie-Oif a? l’enseignement du franc?ais dans le monde, dans un documentaire que j’ai re?cemment re?alise? sur la place de la langue franc?aise en Roumanie, “l’objectif de l’Oif n’est pas de de?velopper le franc?ais contre les autres langues mais d’être un partenaire de ces autres langues”. De la me?me fac?on, la promotion de notre patois n’a pas pour perspective de chercher une supplantation illusoire du franc?ais ou de l’italien mais de lui permettre de s’e?panouir aux co?te?s de ces deux langues. Le patois est une langue qui marque notre identite? culturelle mais ne la scle?rose pas», Saverio Favre, ancien directeur du Brel Bureau Re?gional pour l’Ethnologie et la Linguistique de la Valle?e d’Aoste, expliquait en effet, dans un documentaire diffuse? sur Rai 3 VdA, comment le mot anglais “fight” (“combat”) a inte?gre? le patois local, via les e?migre?s de la valle?e d’Ayas rentre?s des Etats-Unis.

«Pour contribuer a? pe?renniser notre patois, riche de sa diversite?, il faut sans doute placer le curseur au bon endroit, - poursuit Didier Bourg - entre sauvegarde d’un patrimoine linguistique et encouragement a? le laisser e?voluer comme toute langue vivante, s’enrichissant sans cesse de nouveaux termes, de nouvelles expressions. Sans jamais oublier que chacune et chacun d’entre nous entretient un rapport personnel au patois, fait de re?cits convoquant le souvenir, la re?alite?, l’imaginaire, les e?motions et une foultitude de personnages hauts en couleur».

«Parler patois, le chanter ou simplement l’e?couter, c’est en effet convoquer des figures du passe?, des contes e?piques, des moments de rire ou de franches engueulades, des fictions inventives comme des re?alite?s paysannes tre?s concre?tes dont chaque mot a e?te? fac?onne? pour en rendre compte avec pre?cision.

S’investir au profit du patois, c’est enfin une de?marche affective, une manie?re symbolique de rendre hommage a? toutes celles et tous ceux qui, leur valise en main, se sont arrache?s a? leur famille, a? leurs amis et a? leur terre, dans l’espoir d’une vie meilleure. Des communaute?s entie?res dont le ciment en exil a souvent e?te? ce patois qui coule aujourd’hui encore dans nos veines», conclut Didier Bourg.

L’Association franc?aise de promotion du patois valdo?tain (AFPPV) comptait a? sa cre?ation fin de?cembre une dizaine de membres. Didier Bourg, originaire de Challand-Saint- Anselme par son pe?re et d’Arvier et La Magdeleine par sa me?re, en est le premier pre?sident. Jean-Baptiste Pedretti, originaire de Saint-Marcel, en est le vice-pre?sident. Pierre Bich, originaire de Fe?nis, en est le tre?sorier. Bernard Dayne?, originaire de Valsavarenche, en est le secre?taire.

Le sie?ge social de l’association est fixe? au domicile de son vice-pre?sident, jean-Baptiste Pedretti, à Pierrefitte.

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