Etudier la narration orale dans les pays de montagne entre les Alpes et l’Himalaya

Etudier la narration orale dans les pays de montagne entre les Alpes et l’Himalaya
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Samedi 9 octobre a eu lieu la Conférence annuelle sur l’activité scientifique du Centre d’études francoprovençales à la Meison de Sandre de Saint-Nicolas. Le thème de cette année «Le folklore narratif en devenir: persistances et innovations» a attiré de nombreux spécialistes d’horizons différents si bien qu’une étude comparative de haut niveau s’est mise en place au fil des mois autour des narrations traditionnelles, à partir des Alpes pour toucher de nombreuses régions de montagne des Pyrénées à l’Himalaya, en passant par la Corse, l’Apennin et la Sibérie. Le focus de la question était l’évolution de ce patrimoine fluctuant et fugace, exposé aux conditionnements de la mémoire du conteur et aux transformations du contexte dans lequel celui-ci circule, se transforme et se transmet.

La matinée a accueilli trois communications sur les Alpes: Stéphane Henriquet et Nans Buisson ont introduit la journée avec leur expérience de collecteurs du patrimoine conté et chanté en Savoie; Christian Abry, rédacteur du Monde alpin et Rhodanien, la revue du Musée Dauphinois de Grenoble, a illustré les matrices neurocognitives à la base du «raconte!»; Caterina Agus de l’Université de Turin a, quant à elle, abordé l’évolution de la croyance aux sorcières. Par la suite, Lia Zola, toujours de l’Université de Turin, a créé le pont entre les récits relatifs au changement climatique dans les Alpes et dans les montagnes de Sibérie. Enfin, Tony Fogacci et Vannina Lari de l’Université de Corse ont entraîné le public à la découverte de la Fola corsa.

L’après-midi n’a pas été moins enrichissant avec trois communications sur les récits fantastiques collectés par trois chercheurs dans trois différentes régions d’Himalaya: Stefano Beggiora de l’Université de Venise, Davide Torri de l’Université Roma I et Fabio Armand, collaborateur du Cefp et professeur à l’Université de Lyon, avec ses recherches à la croisée de l’anthropologie et des sciences neurocognitives sur l’imaginaire narratif de l’Himalaya.

Enfin à Gianfranco Spitilli de l’Université de Teramo la tâche difficile de boucler la boucle en reportant le public en Europe avec une analyse rigoureuse de certains motifs de la tradition narrative de l’Apennino. Charles Videgain, expert du folklore narratif basque, a dû se désister pour des problèmes de santé.

Ce colloque, qui était aussi l’occasion de rendre hommage aux fondateurs du Cefp et à tous les collecteurs de mémoire orale, embrasse un thème cher au Cefp depuis sa fondation qui est loin d’être épuisé. Bien au contraire, il existe en Vallée d’Aoste un riche fond documentaire qui attend d’être pleinement exploité, notamment à travers l’identification et l’interprétation des motifs narratifs, qui constituent la complexité des croyances aux êtres fantastiques des Alpes et bien au-delà. Christiane Dunoyer, directeur scientifique du Cefp, explique ainsi: «Grâce à ces journées de travail, la recherche scientifique peut avancer et produire une réflexion toujours plus pertinente sur le devenir des multiples facettes de la culture valdôtaine et alpine. Ces idées nouvelles, le Cefp les rediffuse par la suite à un public plus large à travers des activités spécifiques, dans ses expositions, dans les écoles à travers le concours Cerlogne par exemple, mais aussi à travers les réseaux sociaux. Cette circulation d’idées est fondamentale pour la vitalité d’une culture, pour éviter toute fossilisation autour de quelques clichés qui ont fait leur temps».

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